Le travail de rivière

Par le lièvre • 26 fév, 2009 • Catégorie: Nouveautés, Petits éditeurs

Détails livre

  • Titre : Le travail de rivière
    Auteur : Laure Limongi
    Editeur : Dissonances
    Format : 18 x 25 cm
    Pages : 72
    Langue : Français
    Prix : 20 €

 

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Texte d’intention de Fanette Mellier, graphiste à l’initiative du projet 

«Chaumont : fictions (des livres bizarres)» :




«J’ai été particulièrement touchée par ce texte qui comprend plusieurs strates thématiques et formelles (histoire personnelle et collective, conscience sociale, technique industrielle de la ganterie, univers du conte, etc.).

Le texte, très structuré tout en étant fluide et poétique, répond à des contraintes d’écriture très précises.

J’ai voulu que ce livre emprunte (en l’exagérant) à la structure formelle du "livre de conte": grand format, épaisse couverture cartonnée, large signet de soie… Ce parti-pris découle évidemment de la présence du "Petit chaperon rouge" disséminé au fil du texte, mais aussi de la volonté de proposer un "rituel" de la lecture, propre à ce type d’ouvrage.

La gamme colorée est une variation froide, en lien avec l’ambiance aquatique et la présence forte de la forêt en lisière de ville.

Ces couleurs sont parfois franches et surréelles (bleu profond de la jaquette, vert pailleté de la couverture…), parfois douces (ambiguité de la gamme vert d’eau pour l’intérieur du livre).

La main est omniprésente, à la fois somme sujet et objet du livre: la main travaille pour produire des gants, qui habilleront délicatement d’autres mains. Mais la main n’est jamais entière. Sur la jaquette en simili cuir bleue, elle est décomposée dans un patron de gant, qui renvoie à la matière et au processus. À l’intérieur du livre, des fantômes de gestes apparaissent à travers des images de mains, inscrites en couleur vert d’eau et à échelle 1 dans la matière même du texte.

Le texte comprend par ailleurs des signes (filets, points) qui viennent révéler ou souligner la structure du texte et la logique de l’écriture. Ces éléments formels apparaissent comme un squelette, ou une cosmogonie…»





Texte d’intention de Laure Limongi, auteur



«Lorsque Fanette Mellier m’a proposé de participer à son projet de résidence à Chaumont, j’ai cherché ce qui, dans la ville, faisait écho en moi et choisi de m’intéresser à l’histoire de la ganterie Tréfousse. Plus précisément, j’ai voulu tisser un lien entre le travail ouvrier, concret, physique, et l’atmosphère de mystère et de merveilleux que j’ai ressentie dans cette ville entourée de contes et de légendes où la forêt est très présente. Oxymore annoncée dès le titre : « Le travail de rivière » malgré son apparente joliesse est une expression qui désigne le travail de mégisserie, c’est-à-dire l’opération qui consiste à préparer les peaux tout juste écorchées pour les tanner et les transformer en cuir. De la mort au luxe en quelques opérations lustrales.

Une future gantière apparaît donc à Chaumont, entre deux guerres. Elle n’a pas de nom et guère de psychologie. Un « je » apparaît en étant le sien, sans l’être. On la devine néanmoins à la fois mélancolique – reflétant le paysage – et déterminée – jurant dans le décor. Elle grandit, pas à pas, entre la lecture du journal intime de sa grand-mère narrant ses inquiétudes de vraisemblable veuve de guerre et la guerre qu’elle vivra, au quotidien, depuis le petit point sur la carte que représente sa ville de naissance. Ce récit n’est pas linéaire. Il se troue notamment de fragments de contes, sens dessus dessous, en échos inquiétants avec ce qui est supposé être la réalité du livre. Le petit chaperon rouge meurt sans cesse, la gantière porte un châle rouge et les loups sont dans la ville. Au centre, un bref dictionnaire technique – dont certains termes sont détournés de leur définition principale – donne naissance à un deuxième glossaire aléatoire, disséminé dans le texte, qui contamine la narration.

Au final, c’est un trajet hybride, à la fois poétique et narratif. L’histoire se déversant dans le conte, la poésie imprégnant l’histoire, le dénouement épousant les méandres de la rivière.»

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