Détails livre

• Titre : Turkey Comix N°20
  Auteur : Collectif
  Editeur : The Hoochie Coochie
  Format : 15 x 20,5 cm
  Pages : 208
  Langue : Français
  Prix : 15 €

Si vous suivez la revue depuis quelques numéros, vous apprécierez la mise à mal de nos petits us éditoriaux tant, une fois n’est pas coutume, nous avons œuvré dans la continuité. En effet, seuls deux nouveaux auteurs se sont joint au sommaire du présent numéro.

Le premier, Marcel Ruijters, est insuffisamment connu dans notre pays. Pourtant, Marcel a déjà été publié en France : en 2005 par l’An 2, l’année dernière encore (2011) au Dernier Cri, et enfin dans le Comix 2000 de l’Association. Mais le manque de reconnaissance eu égard à son talent est criant lorsque l’on sait que Marcel Ruijters est de ces auteurs qui proposent en termes modernes la réappropriation de l’histoire par la bande dessinée. L’auteur néerlandais rejoint donc The Hoochie Coochie et on espère déjà cette collaboration longue et fructueuse. D’autant qu’elle est liée à la passionnante mais néanmoins défunte manifestation Pierre Feuille Ciseaux *, à laquelle je tiens à rendre hommage. PFC (pour les intimes) tentait, à l’instar de Turkey Comix, un brassage éclectique, cohérent et créatif d’écritures confirmées ou non, mais toujours aventureuses et singulières ainsi qu’une ouverture internationale importante dans l’esprit de la découverte et de la curiosité.

Puissent tous les gérants de foire à la dédicace se faire nettoyer les mirettes à grands coups de PFC ! C’est là le plus grand mal que l’on souhaite à notre chère bande dessinée.

Second auteur à nous rejoindre : Éric Nosal. Connu pour être l’un des fondateurs du fort louable fanzineGeorges, il n’officie pas ici en auteur complet, mais prête son dessin à un scénario de Boris Hurtel, qui lui, par ailleurs, finit d’écrire un livre que l’on espère publier prochainement. C’est d’ailleurs avec une grande fierté que je vois des auteurs, arrivés il y a quelques années déjà dans Turkey Comix, tenir bon, s’acharner, murir et publier avec bonheur leur premier livre chez The Hoochie Coochie. La dernière publication en date allant dans ce sens est Vous êtes ici de Yoann Constantin. Si vous ne l’avez pas lu, sachez que vous passez à côté du type même de comédie qui confère au rire ses lettres de noblesse.

Mais revenons à Turkey Comix… Peu de nouveaux auteurs donc, mais un bon sommaire n’est ni une fuite en avant, ni un radio-crochet pour stars sans lendemain. Permettre aux auteurs de développer des écritures et aux lecteurs de les découvrir, c’est évidemment l’esprit de la revue. C’est pour cela même que nous publions une première bande dessinée de l’Australien Gregory Mackay sans le personnage de Francis Bear. "Slow Panic", – c’est le nom de cette contribution – a été peu avant la finalisation de ce numéro, lauréate du Melbourne Lord Mayor’s Creative Writing Award. Avec ou sans ours, Gregory est donc un auteur aussi doué que déroutant de simplicité. Tim Danko, autre auteur océanien, adapte en couleurs l’un des écrivains, dont on pouvait vraisemblablement craindre dans l’absolu le résultat d’une mise en images, mais c’est très intelligemment que Tim a réalisé "Trufan", basé sur un court extrait de Si c’est un homme de Primo Levi. Peu avant dans ces mêmes pages, d’autres résonances tragiques et plus proches (en temps pour nous, en en distance affective pour son auteur) sont abordées par Jack Exily qui livre un conte créole sombre et marqué par le douloureux séisme en Haïti.

Nicolas Presl, quant à lui, a réalisé la linogravure intérieure de cette revue. L’exercice est peu commun, car outre son formidable maniement de la plume et de l’encre, Nicolas est aussi un habile graveur, mais plus coutumier de procédés artisanaux tels que l’eau forte ou la manière noire. Espérons que l’avenir nous permette d’évoquer à nouveau les talents méconnus de cet auteur.

Enfin si certains commencent à s’installer confortablement dans la revue (j’allais dire "certaines", tant je pense à l’Australienne Mandy Ord et l’Allemande Judith Mall, mais ce serait sans compter sur le duo danois déjanté formé par Jacob Orsted et Soren Mosdal), d’autres, absents des précédents sommaires, signent leur retour. Il serait vain de les citer tous ici, en vis-à-vis du sommaire, mais je crois qu’il me faut faire mention de la participation de ManüManü : Turkey Comix est composé d’écritures très variées, révélant une bande dessinée complexe et protéiforme, et pourtant ManüManü vient nous rappeler au bout de toutes ces pages, combien le champ d’application de notre medium est plus vaste encore, et que Turkey Comix n’y est finalement qu’un microscopique sillon. Un sillon néanmoins travaillé depuis dix ans (c’est en mars 2002 que tout a débuté).

En attendant les célébrations, nous travaillons à l’élaboration d’un numéro hors-série de Turkey Comix, qui paraîtra au printemps et sera intitulé "10 ans d’âge"… D’ici là, j’espère que le présent millésime vous mettra en bouche de la plus heureuse des manières.

Présentation de l’éditeur